Construire une stratégie climat d’entreprise solide : pourquoi les données sont essentielles ?

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Construire une stratégie Climat d’entreprise solide Pourquoi les données sont incontournables ?

L'importance de la donnée dans la stratégie Climat d'entreprise

Face à l’urgence climatique, les entreprises doivent faire face à une pression croissante pour adopter des pratiques plus durables. Cette attente s’accompagne de l’obligation de démontrer des mesures concrètes et quantifiables. Dans ce cadre, une stratégie climat rigoureuse devient indispensable. Celle-ci repose principalement sur un élément-clé : la donnée.
Les données ne sont pas de simples chiffres ou métriques : elles constituent la base sur laquelle repose toute stratégie climat pertinente. Elles permettent d’appréhender les impacts environnementaux, de mesurer les avancées accomplies et d’ajuster les décisions en conséquence. Sans elles, votre stratégie climat risque de manquer de rigueur, de cohérence et de portée. 

Nous remercions Laurent Barbezieux et toute l’équipe de Aktio pour leur contribution à la rédaction de cet article par le biais du partage de leur savoir-faire et de leur vécu. 

Qu’est-ce qu’une stratégie Climat ?

Définition et finalités

Pour être en phase avec les engagements de l’Accord de Paris et limiter les conséquences du bouleversement climatique, l’élévation des températures mondiales doit être contenue à 1,5°C et impérativement maintenue sous les 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Cela implique une diminution des émissions de 45 % d’ici 2030 et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.

💡 Rappel utile : la neutralité carbone désigne une situation « cible » de Zéro Émissions Nettes (ZEN), correspondant à un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines et leur captation par des puits de carbone (naturels ou technologiques) à l’échelle planétaire. Ce principe d’équilibre ne peut pas être transposé directement au niveau des entreprises, car il reviendrait à ne comptabiliser que leurs émissions directes (scope 1). L’ADEME recommande ainsi aux entreprises de ne pas revendiquer de « neutralité carbone », ni de centrer leur communication sur cette notion appliquée à leurs produits ou services. 

Votre organisation a un rôle stratégique à jouer dans cette transformation, en instaurant une politique climat conforme à l’ambition de zéro émission nette. Pour cela, trois leviers majeurs issus de la Net Zero Initiative peuvent être activés : la diminution, l’évitement et la captation des gaz à effet de serre. 

Leviers de stratégie Climat pour les organisations

Une stratégie climat constitue une feuille de route structurée et un véritable repère pour orienter l’entreprise vers une réduction significative de son empreinte carbone. Elle a pour but de limiter les effets environnementaux de vos opérations, tout en répondant aux grandes problématiques du changement climatique. En cohérence avec les engagements de l’Accord de Paris, elle doit être élaborée de manière anticipée et adaptée à votre secteur et votre fonctionnement interne. 

Elle représente aussi un levier d’anticipation et de pilotage stratégique. En identifiant les menaces et les leviers liés aux enjeux climatiques, elle éclaire les arbitrages des décideurs, notamment via l’analyse de différents scénarios de transition (sobriété énergétique, électrification, refonte des modèles économiques, etc.). 

Une démarche climat cohérente vous permet non seulement de répondre aux nouvelles obligations réglementaires, mais aussi de renforcer votre solidité économique, votre avantage concurrentiel et votre image auprès de vos clients, partenaires et financeurs. 

Les fondements d’une stratégie climat pertinente

Étape 1 : Réaliser un diagnostic carbone complet pour évaluer vos émissions actuelles

La première étape consiste à dresser un inventaire précis des émissions de gaz à effet de serre associées à vos activités. Réaliser un Bilan Carbone vous permet de cibler les efforts à fournir en étudiant les émissions directes (Scope 1), indirectes liées à l’énergie (Scope 2), et celles engendrées tout au long de votre chaîne d’approvisionnement ou d’usage (Scope 3). Cette démarche aide à repérer les principales sources d’émissions, aussi appelées « points critiques », à mettre en lien avec le cycle de vie de vos produits ou services (matières premières, production, usage, fin de vie) afin de prioriser les actions de réduction les plus impactantes.

💡 Conseil : associez vos fournisseurs et vos clients à cette collecte pour disposer d’informations fiables sur le Scope 3, en amont comme en aval.

Étape 2 : Définir une trajectoire de long terme alignée avec les données scientifiques 

En adoptant une vision à long terme, vous vous préparez à la fois à diminuer vos émissions et à anticiper les aléas croissants liés aux bouleversements climatiques, qu’ils soient liés à la transition bas carbone (stranded assets, taxe carbone aux frontières de l’UE) ou à ses effets physiques (catastrophes naturelles, sécheresses, événements extrêmes). Une stratégie crédible doit impérativement s’inscrire dans une trajectoire compatible avec le budget carbone 1,5°C. 

Étape 3 : Se fixer des cibles de court et moyen terme réalistes, reposant sur des données rigoureuses

Une fois vos ambitions clarifiées, il est crucial d’analyser les leviers et obstacles à leur mise en œuvre. Identifiez les volets de votre organisation susceptibles d’accélérer votre transition – comme la maîtrise de l’énergie ou l’intégration de matériaux responsables – ainsi que ceux pouvant freiner vos efforts – comme l’essor d’un produit très intensif en carbone ou l’implantation sur un territoire à forte intensité énergétique. Ce travail de cohérence vous permettra d’aligner vos objectifs environnementaux avec votre modèle économique, en les déclinant par entité, segment ou fonction. Vous serez ainsi à même de construire une trajectoire crédible et ajustable. 

💡 Astuce : profitez d’une révision stratégique (plan à 3-5 ans) pour intégrer en amont les enjeux climat dans vos arbitrages structurants.

Étape 4 : Déployer un plan opérationnel avec des actions concrètes

Un plan structuré vous permettra d’implémenter les leviers nécessaires à l’atteinte de vos objectifs de réduction.

💡 Conseil : débutez par des actions simples à fort impact, avant de traiter les chantiers plus complexes ou coûteux. Une stratégie équilibrée combine ambition et pragmatisme. 

Étape 5 : Appuyer la démarche sur des indicateurs pour piloter et réajuster

Une fois le plan d’action engagé, il est primordial d’assurer un suivi régulier à l’aide d’indicateurs fiables. L’analyse de vos données vous permettra d’évaluer l’efficacité des mesures prises, de corriger les écarts éventuels et d’orienter vos ressources vers les actions les plus structurantes.

La donnée au cœur   de la stratégie Climat

Dans le cadre d’une politique climat ambitieuse, l’information constitue un pilier indispensable pour planifier, ajuster et évaluer les démarches engagées. Elle regroupe l’ensemble des éléments utiles pour quantifier les rejets de gaz à effet de serre (GES) et mesurer l’impact écologique global de l’organisation. Les données jouent un rôle structurant dans la transition bas-carbone : elles permettent d’identifier les origines des émissions, de déterminer les actions possibles et d’évaluer les résultats obtenus. 

Le cycle de vie de l’information

Les données évoluent constamment : elles doivent être collectées, actualisées et traitées méthodiquement tout au long de votre démarche. Le cycle de vie des données désigne la façon dont elles sont utilisées, depuis leur saisie jusqu’à leur remplacement ou suppression. 

Voici les étapes principales : 

  • Collecte : tout commence par un recueil rigoureux des données. Dans le cadre d’un Bilan Carbone ou d’un audit des émissions, cette collecte peut s’appuyer sur des systèmes internes comme les ERP (progiciels de gestion intégrée) ou des plateformes dédiées à la surveillance et à la réduction des émissions. Il est souvent nécessaire de croiser des données provenant de nombreuses sources. En effet, les informations utiles sont rarement centralisées : elles se trouvent réparties entre plusieurs services (achats, production, logistique, finances, fonctions support, etc.). Chaque service détient des informations spécifiques qu’il doit partager pour garantir une vision complète. Certaines informations sont par ailleurs complexes à extraire, notamment celles du Scope 3, qui peuvent nécessiter la coopération d’acteurs externes (fournisseurs, distributeurs). Il est donc capital de garder à l’esprit que cette étape peut s’avérer chronophage. 
    Par ailleurs, une stratégie climat de long terme exige aussi de mobiliser des données prospectives pour anticiper les évolutions futures. Il peut s’agir, par exemple, de projections de croissance à 5, 10 ou 20 ans, par marché ou par produit. Même si ces données sont souvent peu formalisées, elles sont cruciales pour prévoir les transformations majeures de votre activité. La dynamique de vos volumes d’activité influe directement sur votre empreinte future : un pôle fortement émetteur en expansion rapide peut mettre en péril l’ensemble de votre trajectoire si ce risque n’est pas anticipé. Enfin, n’oubliez pas d’intégrer l’évolution des facteurs d’émissions dans vos modélisations : la décarbonation des mix énergétiques, des carburants ou de matériaux comme l’acier peut modifier vos hypothèses de façon significative. 
  • Mise en forme : après la collecte, les données doivent être organisées et formatées pour devenir exploitables. Cette étape consiste à structurer les données de manière claire afin qu’elles puissent alimenter des tableaux de bord, des rapports ou des outils d’analyse. 
  • Contrôle : la vérification est une phase incontournable pour garantir la fiabilité des données et éviter toute erreur dans les décisions prises par la suite. 
  • Calcul : dans le cadre d’un inventaire carbone, les émissions de GES sont calculées en multipliant une donnée d’activité par un facteur d’émission. Ces coefficients sont disponibles librement via la base de données de l’ADEME. Ce calcul permet d’identifier les principaux postes d’émission et d’orienter les priorités de réduction. 
  • Analyse : en étudiant les données collectées, vous les transformez en informations stratégiques. Cela vous permet de repérer vos sources d’émissions majeures et de hiérarchiser les mesures à déployer pour atteindre vos cibles climatiques. 
  • Mise à jour : pour rester pertinentes, les données doivent être actualisées régulièrement. Cela implique d’intégrer en continu les données GES dans vos outils opérationnels, de surveiller les indicateurs sous-jacents aux émissions (volume d’achats, kilomètres parcourus, type de matériaux, etc.) et de réaliser un Bilan Carbone au moins une fois par an. Cette mise à jour dépendra de la facilité d’accès à l’information, de la maturité des services concernés et de la temporalité des actions prévues. 

💡Exemple pratique dans un Bilan Carbone :

  • Collecte : vous récupérez les informations de consommation électrique sur un site complet et sur une période donnée auprès des services généraux. 
  • Mise en forme : vous convertissez cette donnée en kilowattheures annuels. 
  • Contrôle : vous comparez les chiffres à ceux de l’année précédente pour détecter d’éventuelles incohérences. 
  • Calcul : vous multipliez la consommation (kWh) par le facteur d’émission correspondant (kgCO2e/kWh). 
  • Analyse : vous évaluez les résultats par mois, site, mètre carré ou unité produite. 
  • Mise à jour : vous réintégrez ces données lors du prochain exercice, en tenant compte des évolutions du mix énergétique ou des volumes d’activité. 

Les diverses catégories de données

Données d’activités / Facteurs d’émission 

Pour calculer l’empreinte carbone d’une organisation, la méthode de base repose sur la formule suivante : 

Donnée d’activité × Facteur d’émission

Calculer l'empreinte carbone de son entreprise pour sa stratégie Climat

Les données d’activités désignent des éléments concrets issus de vos opérations : volume de matières premières utilisées, distance parcourue par vos véhicules, consommation d’électricité, etc. Une fois ces données disponibles, elles sont multipliées par un facteur d’émission, c’est-à-dire un coefficient qui permet d’estimer la quantité de CO2 émise par unité d’activité, de produit ou de service. 

💡 Les facteurs d’émission sont issus de travaux scientifiques, compilés dans des bases publiques ou privées. La base Carbone® de l’ADEME est une excellente référence gratuite pour se familiariser avec ces indicateurs.  

Données physiques vs données financières 

Dans une stratégie climat, les informations collectées peuvent être de deux types : 

  • Données physiques : ce sont les plus précises car elles reflètent directement les activités de l’entreprise. Elles incluent : 
  • La consommation énergétique (en kWh) 
  • Les trajets effectués (en km) 
  • Les volumes de matières utilisées (en tonnes, litres…) 
  • Données monétaires : elles s’appuient sur les flux financiers. Il s’agit par exemple de montants dépensés pour l’achat de biens ou services, transformés en émissions estimées via un ratio monétaire (exprimé en kgCO2e par euro dépensé). 
Préciser la donnée pour ajuster sa stratégie Climat d'entrepise

Source : Aktio

Quelle méthode adopter ?

L’approche physique est préférable car elle se fonde sur des données tangibles. Toutefois, l’approche monétaire est parfois employée lorsque les données physiques ne sont pas disponibles – en particulier dans les premiers exercices ou pour les postes peu détaillés. Elle permet d’avoir une approximation des émissions liées à certaines dépenses, notamment les achats indirects, sans entrer dans un processus de collecte trop lourd. 

Données internes vs données de la chaîne de valeur 

Les données externes – issues de votre écosystème – sont tout aussi essentielles que les données internes. Pour obtenir un bilan carbone exhaustif, vous devez prendre en compte l’ensemble de votre chaîne de valeur, c’est-à-dire l’ensemble des acteurs impliqués dans la conception, la distribution, l’usage et la fin de vie de vos produits et services. 
Cela inclut : 

  • Les émissions en amont, générées par vos fournisseurs (production de matières, transport, fabrication) 
  • Les émissions en aval, liées à l’utilisation de vos produits par les clients ou à leur traitement en fin de cycle 
Périmètre des émissions pour le Bilan Carbone d'une entreprise de distribution

Violet = sites contrôlés par l’entreprise. Rose = autres sites.
Source : Aktio

À chaque service, sa responsabilité

Chaque donnée est généralement rattachée à un département spécifique. Il peut s’agir des achats, de la logistique, des ressources humaines, du marketing, de la production ou encore de la comptabilité. Il est donc fondamental d’identifier les référents responsables de chaque type de donnée afin d’assurer une collecte rigoureuse. 

Certaines informations doivent être mises à jour fréquemment (mensuellement ou trimestriellement), d’autres plus ponctuellement (annuellement, lors de la révision de contrats ou d’investissements). Il convient d’établir un calendrier de mise à jour ainsi qu’une procédure claire : par exemple, lorsqu’un nouveau fournisseur ou matériau est intégré dans votre système ERP, le facteur d’émission correspondant doit être ajouté. Si une modification intervient sur une route de transport, elle doit être intégrée dans le périmètre du Bilan Carbone. 

🛠 Ce processus assure la fiabilité et la pérennité de votre système d’information carbone. 

Enfin, vérifiez si certaines données ont déjà fait l’objet de contrôles lors d’audits internes (qualité, finance, achats responsables). Si ces données ont été validées, elles peuvent être réutilisées sans double saisie, ce qui simplifie grandement votre travail.  

Conclusion 

En plaçant les données au centre de votre démarche climat, vous ne vous limitez pas à une obligation réglementaire : vous entrez dans une logique d’amélioration continue, vous renforcez votre capacité à encaisser les chocs climatiques et vous participez activement à un avenir plus responsable. 

Cela dit, gérer les données climat représente un vrai défi : leur dispersion dans les services, leur collecte fastidieuse, leur traitement exigeant et leur interprétation stratégique nécessitent une organisation rigoureuse. 
Réussir cette transformation implique donc d’intégrer la gestion de la donnée dans la stratégie globale de l’entreprise : clarifier les rôles, investir dans les bons outils, automatiser lorsque possible, fiabiliser les processus. 

Maîtriser ses données, c’est s’offrir les moyens de transformer la contrainte réglementaire en levier d’innovation, d’alignement stratégique et de différenciation durable. C’est aussi poser les fondations d’une trajectoire climat robuste et crédible. 

Focus sur notre partenaire : Aktio

Qui est Aktio ?

Aktio est une plateforme SaaS française, créée en 2020, spécialisée dans la mesure, la gestion et la réduction de l’empreinte carbone des entreprises, notamment les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) françaises et européennes. Fondée par Thibault Faninger et Laurent Barbezieux, Aktio vise à accompagner les organisations dans leur démarche de transition bas-carbone, en leur permettant de réaliser leur bilan carbone, de définir une trajectoire de réduction des émissions, de mettre en place un plan d’action personnalisé, et de communiquer sur leurs engagements climatiques. 

En savoir plus sur Aktio

Une alliance stratégique

CorpoKarma et Aktio collaborent depuis plusieurs années sur des missions à fort impact en matière de durabilité. Leur complémentarité permet d’intervenir aussi bien sur les dimensions organisationnelles (feuilles de route climat, structuration RSE) qu’opérationnelles (outils de pilotage, sensibilisation, accompagnement à la mise en œuvre).

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